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souvenirs de 70 et la grâce des orchestres de Viennoises.

Tant d’inconscience anima Jeanne Deckes d’une grande colère. La fièvre montait en elle et lui donna l’audace de jeter un défi à ses sœurs les femmes de France. Elle courut au Lyceum, conta l’histoire de sa détention au groupe chargé d’organiser les réunions littéraires de ce cercle de femmes et demanda que soient convoquées, en une réunion solennelle, toutes les personnalités du féminisme, de la presse, et des arts. Elle veilla au choix des invitations.

— Quel sera le sujet de votre causerie lui demandèrent les déléguées.

— Les Campagneaux et les Campagnelles.

On ne comprit pas, mais comme on lui savait du talent, le 20 décembre une foule nombreuse se pressait dans la salle des fêtes. Il y avait des hommes murs affectant des allures d’officiers en retraite, de jeunes embusqués au bel uniforme clair, des oisifs sans pose, — parmi lesquels se faufila le docteur Horn ; — mais il y avait surtout des femmes intelligentes. Mme Lartineau, sévère en ses voiles de deuil ; Sylvia Mingaud-Bertol ; Mme Destange avec ses deux fils, et cent autres vedettes du féminisme et du snobisme. Toutes étaient accourues, parce qu’une conférence de Jeanne Deckes cela sentait toujours un peu la poudre. Elle les avait si souvent suffoquées par des théories viriles et révolution-