Page:Dulac - La Houille rouge.pdf/308

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latine encadrera les défaillances étrangères et la vanité des sens s’inclinera dans la grave question de vie ou de mort de notre pays. Je viens de là-bas, moi !… J’y ai vu grouiller le Nombre hostile, je l’ai vu défiler au pas de parade, j’ai vu les innombrables cheminées d’usines qui attestent l’industrie de cette foule, et je vous supplie de sauver la France. S’il fallut une pucelle pour délivrer un Roi, il faut des mères pour sauver une République. Les hommes ont donné leur sang, donnons le nôtre : Donnons-le sans souci des traditions. Que soient flétries désormais les tantes ridiculement vierges et les sœurs mystiquement réservées. Plus de mains croisées sur des bustes plats, plus d’égoïstes vertus grassouillettes et gourmandes. Que toutes les femmes enfantent dans la douleur, comme sont morts nos héros des tranchées.

— Créer, passe encore, mais… nourrir ? insinua un vieux beau.

— La femme sait bien, Monsieur, que l’instruction obligatoire l’a conduite au travail encore plus obligatoire. Rémunérez donc son travail de telle sorte qu’elle puisse supporter les chômages de ses maternités et que l’État convienne enfin qu’un berceau coûte moins cher qu’une tombe. Il a trouvé des milliards pour l’Immolation, qu’il cherche quelques millions pour la Résurrection. Et s’il ne fait pas son devoir, faites-le vôtre quand même, mesdames !