Page:Dulac - La Houille rouge.pdf/62

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leur progéniture ?… Alors les femmes seraient plus bêtes que les bêtes ?

— L’oiseau apporte la becquée, chère Madame, rectifia Mme Breton de l’Écluse.

— Bravo ! voilà l’homme réhabilité !

— Hum ! plaisanta Jeanne Deckes ; il y a le coucou qui fait couver et nourrir ses petits par d’autres oiseaux !

— Non, il y a l’Amour ! avec ou sans mariage, reprit Mme Lartineau. Quand deux êtres s’aiment et qu’un jour la femme apporte à l’homme un enfant tiède et satiné, le père se recueille… Comment !… c’est cela que nos baisers ont animé, pense-t-il ?… Et, dès lors, ses caresses deviennent plus graves…

— Et plus rares ! fit Rhœa ricanante.

— Peut-être ! mais combien plus conscientes ! Il est de toute évidence qu’il ne comprend rien aux voluptés maternelles, à nos extases devant un bébé qui gazouille et gigotte. Mais survienne une alerte sérieuse, un accident ou une maladie, l’homme se sent accroché à cette vie en péril ; il sent gémir la part de lui que la mort menace ; et, pendant quelque temps, son cœur chante le même cantique que celui de la mère. Puis… la vie recommence. C’est si beau la vie !

— Ah ! par exemple, je vous arrête, protesta la Belleval dont le silence ne manquait pas de tact ; la vie est odieuse et j’ai parfois souhaité la mort. Du