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cerveaux, cela est indispensable pour équilibrer l’espèce. Mars est à l’homme ce que Sirius est aux abeilles et aux fourmis. Les abeilles tuent leurs mâles, les fourmis envoient leurs guerriers en campagne dès que Sirius monte au Zénith et l’homme s’entre-tue irrésistiblement, sans cela la terre serait obligée d’être submergée à nouveau.

À ces mots, Rhœa se demanda si son interlocutrice n’était pas folle ; elle la contempla d’un regard de pitié, mais la « sorcière » éclata de rire.

— Mais non, rassurez-vous, dit-elle, j’ai toute ma raison, et la légende est là pour appuyer mes dires. L’homme, dès qu’il a des ailes, trouble l’épiderme de la terre qui est l’atmosphère.

Pendant ce dialogue, les deux femmes avaient accompli leur trajet et l’église Notre-Dame de Lorette se dressait maintenant à leur gauche.

— Alors, l’aviateur, c’est l’ennemi, conclut Rhœa acceptant le tour badin de la conversation.

— Oui, les ailes, voilà le commencement de la fin, car nous sommes un des microbes qui évoluent entre terre et air. On l’oublie toujours cet air ; c’est pourtant là-haut qu’on est seulement sur la Terre. Dieu chassa Lucifer !… mais les temps ne sont pas révolus.

— Heureusement ! car si les hommes pâtissent de Mars, nous, femmes, nous n’échapperions pas au déluge.

— Ne riez pas ; l’heure est grave, madame Rhœa ; la guerre sera inimaginablement cruelle, car le