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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

mère ; c’était une grande décontenancée de demoiselle de la reine. Dans ce temps-là, les dents de Savoyard, les nez retroussés, les minois célestes ou de fantaisie n’étaient pas connus, mon grand-père voulait dans une Française tous les charmes de la Gaule. Sa maîtresse était un miracle de charmes, elle avait touché François Ier, et mon grand-père fut très honoré d’entrer dans l’appartement de ma grand’mère après le roi. Mon grand-père était un bon homme, il savait mieux son monde que M. de Chateaubriand.

Ma grand’mère était de bonne noblesse ; sa maison était aussi vieille que la médaille de l’empereur Othon ; elle avait eu des ancêtres comme le cheval de l’empereur Caligula, une nourrice plus honnête que celle de l’empereur Romulus, et avait reçu une meilleure éducation que l’empereur Adam. Ma grand’mère avait compté, comme tous les grands seigneurs, quelques gredins dans sa famille ; mais ils s’étaient humainement et glorieusement décrassés en massacrant à la bataille de Tolbiac, des Goths, des Wisigoths, des Ostrogoths, des Allobroges, des plats Normands et des gros Belges ; c’était d’un de ces fameux bourreaux qu’elle descendait en ligne indirecte, à cause qu’à la cour les lignes descendantes se courbent : les Picards, les Jasmins, les Bourguignons et les la Fleurs se mêlent aussi de courber les lignes.

Mon grand-père était bien à la cour ; c’était l’ami du prince, à cause de ma grand’mère. Le roi lui