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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

que par cette vente frauduleuse, elle s’est rendue réfractaire aux ordonnances de Sa Majesté. » L’avocat cita Bacquet, Carondas, Dumoulin, les lois de Constantin, le code Frédéric[1], les us et coutumes du Hainaut françois et la fondation utile de cinq grosses fermes.

À cause que les mites avaient grugé le nez de mon grand-père, je fus condamné à payer trois cents livres aux apothicaires de Paris et quinze cents livres à des avocats qui vivent comme les prêtres avec les vivants, les morts et les sots et qui plaideraient pour le Manitou, si le diable était assez bête de s’adresser à la justice pour soutenir son bon droit et avoir raison.

Ce maudit procès me tint longtemps à cœur. Mon grand-père me coûtait déjà deux mille livres, j’étais aussi avancé que le premier jour. La clause du testament me répugnait et les moyens comiques du Tien pour le faire parler me paraissaient insurmontables. L’espoir cependant vint luire à mon esprit ; je dis en moi-même : « Tout se fait à Paris par le canal des femmes, c’est assurément par ce canal que je ferai parler mon grand-père. »

Je fis la connaissance d’une jeune lyonnaise, belle à ravir. C’était une vierge de seize ans, elle avait brisé depuis six semaines les liens éclatants de la parenté, pour venir loin des regards maternels se perfectionner dans la vertu. Cette fille était

  1. Ce code n’est point suivi en Prusse comme on le dit à Paris.