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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

faiseuse de mode ; elle joignait à l’art de se mettre agréablement, la petite coquetterie des filles de mode. Nous logions sur le même carré, cette proximité devait un jour nous joindre plus étroitement. Je lus dans le cœur de Manette ; je vis que j’étais aimé. Après quelques préludes de vertu, pour être plus voisins, nous couchâmes ensemble. Il faut rendre justice à la sagesse de Manette : avant de m’admettre à la douceur de sa couche, elle exigea une douzaine de serments tels qu’en fait l’amour ; de son côté, elle promit d’être très vertueuse.

À peine fûmes-nous dans les draps que le cœur de Manette commença à palpiter ; c’était une raison pour m’intéresser à sa santé. « Qu’avez-vous, lui dis-je, d’un ton aussi ému que son cœur ? Vous trouvez-vous mal, ma chère petite ? — Hélas ! le cœur me bat…, je suis…, je ne sais comment…, on est bien malade à ce que je vois, quand on couche avec un garçon. — Ô Ciel ! chère Manette, votre état m’afflige, voyons que je tâte votre cœur ». Je mis la main sur son cœur, je rencontrai des charmes ; Manette n’avait pas la chasteté des sœurs de Fontevrault, et le Ciel ne m’avait point regardé avec la même complaisance que Robert d’Arbrissel ; nous entamâmes, comme on dit, le roman par la queue. Manette criait : « Ah, mon ami, vous me percez le cœur, il bat encore plus fort… ah ! celui qui a fait les battements de cœur avait bien plus de génie que celui qui a imaginé les meâ culpâ ».

Manette avait vu la momie, elle trouvait ridicule