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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

penser que Dieu a donné à l’homme l’intelligence pour réduire les sensations de son corps, que de penser qu’il ait donné le corps à l’homme pour affaiblir les fonctions de son intelligence.

L’homme est donc sorti des mains de son créateur dans l’état de perfection, dont la nature humaine est susceptible ; dire le contraire, c’est rejeter l’idée d’un Dieu infiniment bon et parfait.

Il est évident que l’intelligence du premier homme en sortant des mains du Créateur, fut occupée à la recherche et la contemplation de la vérité et dans la pratique actuelle du bien ; il est même assuré que cette intelligence n’ayant point été affaiblie par les sensations, a dû saisir des vérités ou des rayons de vérité en plus grand nombre et les voir plus clairement que ne peut faire une intelligence que les sensations ont occupée et affaiblie. Conséquemment, le premier homme, dès l’instant de sa création, fut dans l’état de la plus grande perfection et du plus grand bonheur, dont la nature de l’homme fut capable.

L’homme d’aujourd’hui n’est plus dans cet état primitif ; avide des plaisirs momentanés que procurent les sensations de son corps, on s’aperçoit que son intelligence est affaiblie, qu’il n’a plus cette pratique au bien. Son péché actuel décèle un péché d’origine, la maladie prouve la santé ; de plus, je vois des hommes défectueux, je remonte au premier, et la raison m’oblige de croire que ce premier homme a dû être parfait. L’homme est donc