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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

sir, il me donna une pomme, en mangea une, je l’imitai, je trouvai ce fruit délicieux.

La figure d’Ariste, semblable à celle de mon époux, les plumes de son chapeau, pareilles à celles du perroquet, diminuèrent un peu mon admiration ; je l’abordai avec plus de liberté ; et croyant lui rendre hommage, je chantai le couplet du perroquet. Ariste, touché par la douceur de ma voix, vint m’embrasser ; j’étais nue, il baisait mon sein avec transport, m’accablait de caresses. Je regardai sous ses voiles s’il avait la même chose avec laquelle mon amant me faisait tant de plaisir ; il comprit mon idée, et il m’enivra des douceurs de l’amour. La nouveauté, le changement, qui plaisent aux femmes, me rendirent le plaisir plus piquant ; et dès le moment, le pauvre Emilor fut oublié.

Les soins de mon nouvel amant, l’intelligence que la nature m’avait donnée, l’application continuelle me rendirent capable, au bout de quelques mois, d’entendre le français, de le parler et l’écrire. Le philosophe enrichissait mon esprit de mille connaissances ; il m’avait fait habiller ; la parure donnait un éclat à ma beauté qui me flattait ; et le désir de plaire me fit bientôt à l’usage des vêtements que j’avais trouvé insupportable.

Satisfait de mes progrès rapides, Ariste se prépara à me donner le spectacle de la nature ; il me fit passer la veille dans un appartement, disposé au dessein qu’il avait de me surprendre agréablement. Le lendemain il m’éveilla à la pointe du jour, me fit