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MARMITES ET MARMITONS

gantelet qui lui permet de peler sans risque de se couper, de peler en toute sécurité le tubercule de Parmentier. Il sourit aimablement aux amis et donne l’exemple de la besogne soigneusement faite.

Il faut bien l’avouer : ici, on pense beaucoup à manger. Et ce fut mon ami le « philosophe » qui m’en donna une explication :

— Ils veulent tous être bien portants le jour de la libération. Les lapins disaient, si l’on en croit Molière : primo vivere… ils philosopheront après !…

Ce à quoi un nouveau marié qui ne peut rien voir ni rien entendre sans penser immédiatement à sa douce moitié crut bon d’ajouter :

— Nos femmes nous pardonneront cette légèreté en songeant que la table est le seul plaisir qui nous soit resté, puisque, vraiment, on nous a privés des autres…

Le fait est que, surtout certains jours, aller au réfectoire, s’asseoir, manger, bavarder, c’est un peu comme au cours d’un long voyage aller aux trois services du wagon-restaurant, même si l’on n’a pas faim. Cela aide à faire passer le temps et il y a des jours où le temps est désespérément long.

***

Quand on parle des « plaisirs de la table » dans notre ville sans femmes, il ne faut, toutefois, rien exagérer. Le problème de la nourriture est incontestablement résolu ici d’une manière excellente. Chacun est bien nourri. Mais pour ce qui est de bien apprécier ce que l’on man-