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MARMITES ET MARMITONS

plomatie internationale avec la même facilité qu’ils peuvent se prononcer sur de petits différends entre amis.

— Moi, dit l’un, si j’étais l’Angleterre, je dirais à l’Italie : c’est un tort d’être intervenue dans la guerre. Retire-toi de là et nous te laisserons tranquille.

— Oui, répliquait un autre, mais, moi, je répondrais : je veux bien me retirer, mais, alors, soyons amis comme avant.

Et ainsi de suite, durant des heures. Puis l’on dira que les femmes sont bavardes !

Heureusement que dans ces réunions on pouvait compter pour créer de l’animation sur le petit groupe des blagueurs qui ne manquaient jamais de lancer des choses nouvelles. Le meilleur à ce jeu était le fabricant de saucisse qui, travaillant à la cuisine des soldats, rentrait toujours très tard et prétendait avoir « entendu la radio ». Combien de fois m’a-t-il dit :

— Tu vas voir. Je vais dire « confidentiellement » quelque chose au premier copain que nous allons rencontrer. Je parie qu’au bout d’une heure la nouvelle me reviendra à l’oreille considérablement agrandie et déformée.

Il ne se trompait jamais. Sauf que la nouvelle lui revenait le plus souvent beaucoup plus vite qu’il ne l’avait prévu.

Un autre jour, un homme extrêmement sérieux mit en émoi tout le camp en jurant ses grands dieux, et le plus solennellement du monde, qu’une sentinelle postée à l’une des tourelles de l’enceinte lui avait dit :