Page:Duliani - La ville sans femmes, 1945.djvu/141

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Aujourd’hui, je me promenais du côté de la baraque 10, en bordure du lac qui commence à perdre son ondoyante couronne verte, lorsque mon regard fut attiré par un papier blanc que le vent avait poussé dans l’encoignure d’une grosse racine d’arbre. Je le ramassai. C’était une lettre. Je l’ai lue… Elle ne portait aucun nom et aucune adresse. Mais elle me parut écrite par mon copain le « jeune marié ». C’est, en tout cas, un document tellement significatif que je ne peux résister à la tentation de le publier.

La voici :


Ma chérie,

J’ouvre les yeux, ce matin d’octobre avancé, et, à travers la fenêtre, j’aperçois dans l’air les vastes arabesques des feuilles desséchées, qui, de toute leur légèreté, essaient de résister à la chute définitive au sol.

Verlaine chante à mon oreille :


Les sanglots longs,
Des violons
De l’automne,
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone (…)