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LA VILLE SANS FEMMES

C’est à ce jeu qu’excelle d’une manière toute particulière l’ancien premier magistrat d’une grande ville de l’Est du pays. Tous ceux qui se sont mesurés avec lui ont été battus successivement et à plate couture. Ce camarade avait une façon à lui de faire retentir les petites boules dans leurs trous, de les disposer et de les faire avancer en ordre éparpillé de manière à ne pas provoquer la méfiance de son adversaire. Tout à coup, le jeu se démasque ; l’adversaire se voit vaincu et dans l’impossibilité d’opposer une défense !

Dans le groupe des Canadiens français, on joue fervemment aux échecs. Ils sont environ vingt-six appartenant tous à un même mouvement politique dont le chef est avec eux.

Quant aux Italiens, outre quelques jeux de cartes assez tapageurs, comme la scopa, c’est-à-dire le « balai », qui ressemble un peu « à la bataille », ils se livrent avec passion à la morra, jeu qui consiste à abattre en même temps que l’adversaire un ou plusieurs doigts de la main droite en énonçant à haute voix un chiffre inférieur au numéro dix. Celui des deux joueurs qui a annoncé un chiffre égal à l’addition du nombre des doigts qu’il a abattus et que ceux qu’a abattus son adversaire marque un point. Ceux qui jouent à la morra donnent ni plus ni moins l’impression d’être des sourds s’engueulant avant de s’entr’égorger.

Pendant la belle saison une grande partie de ces jeux se pratiquent au grand air. Les Italiens s’adonnent au sport des boules, jeu très répandu également à Lyon et