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LA VILLE SANS FEMMES

— Que viens-tu faire au cinéma, puisque tu ne comprends pas un mot ?

— Cela ne fait rien ! me répondit-il. Si je ne comprends pas, je vois, et cela m’amuse.

Dans le deuxième camp, les Allemands possédaient trois ou quatre vieux films dans leur langue et nous les ont présentés à plusieurs reprises. Le grand succès fut une opérette allemande intitulée Gasparone dont la protagoniste est une chanteuse hongroise aux formes provocantes, et qui joue son rôle avec un entrain endiablé. La pellicule a été redonnée plus de huit fois.

On nous a présenté un seul film italien et ce fut un désastre ! Il s’agissait d’une très mauvaise adaptation cinématographique de l’Othello de Verdi tournée par une petite maison de New-York.

Attirés par le titre et par le nom du compositeur, les internés se pressaient nombreux dans la salle mais ils furent bien déçus quand ils s’aperçurent de quel genre de production il s’agissait.

Au moment de mon départ du camp, j’avais entamé des pourparlers afin d’obtenir quelques films en langue française pour faciliter l’enseignement du français, et je pense sincèrement que j’aurais pu en obtenir.

À côté du cinéma, nous avons aussi le théâtre. Nous étions en train de nous bâtir une scène lorsque nous fûmes transférés du premier au second des deux camps où j’ai séjourné. Là, les Allemands, qui avaient formé une troupe régulière, donnaient presque chaque mois une ou deux représentations de quelques pièces présen-