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LA VILLE SANS FEMMES

passions que dans le vaste monde du dehors, on a la possibilité d’analyser à son aise ces phénomènes.

Il y a ici plusieurs millionnaires. Leur réussite, découpée en étapes successives, pourrait être mise en images d’Épinal propres à servir d’exemple. Travail, esprit de suite, observation, volonté d’apprendre et d’agir, intelligence, qu’on pourrait confondre avec ruse, mais qui est plutôt de l’habileté. Voilà, en vérité, ce que l’on trouve.

Un de ces « big boss » (comme on l’appelle ici) qui, encore tout enfant, travaillait déjà comme manœuvre pour trente cents par jour, est arrivé à brasser des affaires énormes, à traiter d’égal à égal avec des banquiers, des hommes d’État, des potentats de la finance et de la politique. J’ai observé cet homme dans la vie qu’il mène ici au camp, et j’ai compris que son secret consistait à faire jaillir autour de lui le plus grand nombre d’idées possible, d’en choisir les meilleures et de les réaliser ensuite. Parce que, à la base de toute richesse, il y a, avant tout, et surtout, la matérialisation d’une idée. Le tout est de savoir choisir !

Je viens de faire un double constatation au sujet de la persistance de l’ancien esprit régionaliste. Il y a ici des Italo-Canadiens et des Canadiens d’origine allemande qui habitent l’Ontario et le Québec. Or, chaque fois qu’un de ces Canadiens d’adoption vivant dans une de ces deux provinces s’entretient avec un camarade également canadien d’adoption de l’autre province, on l’entend dire, par exemple :

— Vous autres du Québec…