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LA VILLE SANS FEMMES

pour lui, et pour quelques autres Canadiens français amenés ici pour des raisons de politique intérieure auxquelles je n’ai rien à voir. Par exemple, l’ancien magistrat municipal et le chef d’un parti politique déclaré illégal au début de la guerre étaient déjà, avant de venir ici, engagés dans une inimitié politique publiquement connue. L’un et l’autre vivent ici depuis de longs mois, voire même depuis des années, d’une manière digne et qui fait le plus grand honneur à la race à laquelle ils appartiennent.

Au début, tous deux dirigeaient une équipe de scieurs de bois et une sorte d’émulation s’était établie entre les équipiers de chaque groupe pour produire la plus grande quantité de billots. Après un certain temps, l’un et l’autre durent quitter cette besogne pour des raisons de santé et ils employèrent autrement leur activité.

On les rencontre souvent sur la place des sports, l’ancien maire faisant du patinage avec une adresse exceptionnelle, ou jouant au ballon ; le chef du parti politique condamné jouant au tennis. Malgré la longue période de captivité qui les a réunis, chacun reste sur ses positions. Lorsque le hasard les fait se rencontrer, ils se saluent à peine, du bout des lèvres, par simple politesse.

Chacun suit son chemin, ne voulant rien abdiquer de ses idées et de ses convictions.

Malgré le sort qui aurait dû les rapprocher, les internés italiens et allemands n’ont jamais manifesté une sympathie excessive entre eux. Les causes apparentes de