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DÉPARTS ET ARRIVÉES

— On assure que nous allons partir bientôt…

— Un capitaine m’a fait comprendre que nous déménageons le mois prochain.

— Un ingénieur de l’armée, venu aujourd’hui dans la forêt, a laissé échapper un mot indiquant que le camp sera transformé pour ne recevoir que des prisonniers militaires.

Tous ces ont-dit, répétés continuellement, avaient fini par nous faire croire à un départ imminent. Surprise ! Voilà qu’au mois d’avril, on nous demande de nous « serrer » un peu car on a besoin de trois baraques placées à l’extrémité orientale du camp.

— Que se passe-t-il ? se demande-t-on, très intrigué.

Quelques jours après, nous sommes fixés. Des réseaux de fil de fer barbelé sont tendus entre les baraques que nous venons d’abandonner et celles que nous occupons, de manière à diviser le camp en deux parties. Et puis voilà des Japonais qui arrivent et s’installent là où nous étions…

Vif mouvement de curiosité. Chacun veut voir les « jaunes ». Quant à leur parler, c’est une autre affaire, car il y a des sentinelles entre les deux parties du camp et il est formellement interdit d’échanger des conversations. Mais, malgré la défense formelle de parler, on se parle quand même. On apprend que les nouveaux venus sont pour la plupart des Japonais naturalisés canadiens qui occupaient de bonnes situations dans la région de Vancouver et qui parlent presque tous un excellent anglais.