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LA VILLE SANS FEMMES

de ces inconnus, on disait qu’il sortait d’un pénitencier. Pour en avoir le cœur net, je priai un des hors-la-loi, qui ne cachait aucunement sa véritable « profession », de s’en assurer :

— Toi, qui as l’habitude, lui dis-je, essaie un peu de lui tirer les vers du nez.

Mon homme revint une heure après, l’œil étincelant de joie.

— Oui, c’en est un, et un vrai ! me dit-il… Il connaît quatre gouverneurs de prison que je connais parfaitement bien, et tout ce qu’il dit est absolument exact.

Devant une telle compétence technique, tout le monde s’inclina.

Les départs sont accompagnés de scènes amusantes.

D’abord, surtout chez les Italiens, de nature très expansive, il y a une série d’embrassades qui n’en finissent plus. Et même des yeux rougis et de véritables larmes qui coulent… Les recommandations et les commissions de caractère intime se croisent :

— Surtout va voir ma femme… Dis-lui que je me porte bien… et que je lui écrirai aussitôt reçu la lettre de mon avocat.

Le départ d’un avocat de Toronto, noble esprit chrétien, qui avait rempli avec beaucoup d’humanité les fonctions de spokesman, et celui du chirurgien qui avait assuré la direction médicale de l’hôpital pendant presque deux ans et dont la bonté et la hauteur d’esprit s’étaient imposées à tous, donnèrent lieu à des manifestations émouvantes de sympathie.