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DÉPARTS ET ARRIVÉES

que du Nord, mais la Sicile et le sol même de la péninsule furent occupé par les Alliés, les regrets amers sur l’intervention italienne se multiplièrent et s’aggravèrent

Un ancien fasciste me dit au lendemain de la chute de Mussolini et de la capitulation de Badoglio :

— Quant à moi, je ne veux plus entendre parler de rien !… Comment ?… Voilà un parti qui s’est emparé du pouvoir par la force il y a vingt-et-un ans, qui a mis la main sur toute la richesse du pays, et qui s’est vanté de posséder une des plus belles armées du monde… Nous croyions à tout cela ! Puis, un beau jour, sans nous consulter, ce parti nous entraîne dans la guerre et offre au monde, coup sur coup, le spectacle ridicule d’une suite de défaites. On prétend, maintenant, que nous devons obéir encore aux débris de ce parti qui, tombé aux mains des Allemands, lance des menaces et des rodomontades dignes de Tartarin… Très peu pour moi ! Que les Italiens d’Italie fassent ce que bon leur semble ! Je n’ai rien à voir ni avec leurs querelles, ni avec leurs divergences. Je suis au Canada et je m’y trouve bien. Je veux être Canadien et le demeurer pour toujours…

Cette mentalité qui s’est formée chez beaucoup d’hommes que j’ai connus ici comme internés, constitue, par elle-même, le plus bel hommage indirect qu’on puisse rendre au Canada. Quelques années d’internement ont abouti à ce résultat en apparence paradoxal : le désir sincère de devenir Canadien !