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LA VILLE SANS FEMMES

— Suis-je en retard ?

Je me dépêche. C’est qu’aujourd’hui, comme chaque dimanche, nous avons le plus grand réconfort que nos âmes de croyants puissent désirer, l’office de la messe.

— J’en ai l’impression. Il est huit heures cinq, et tous les autres sont déjà là depuis huit heures.

Comme il s’aperçoit que j’en aurai encore pour quelques minutes :

— Viens vite ! me dit-il. Tu nous retrouveras facilement !

Et il s’en va en courant.

Je m’empresse d’ajouter que si nous, catholiques, avons nos cérémonies religieuses, les protestants ont également les leurs. Cela est très juste et très humain.

La prière est, au fond, le seul salut de ceux qui souffrent. Je dirai même que c’est au moment où ils souffrent que pas mal de gens se souviennent de prier. Le reste du temps, ils se comportent et agissent avec Dieu comme avec le dentiste ou le médecin. Dès que le bobo devient grave, ils se précipitent chez le praticien, les lèvres pleines de promesses. Mais, une fois le mal guéri, ils oublient même de payer les honoraires. Et si on les leur réclame, ils envoient promener le requérant !

Par contre, ceux pour qui prier est un moyen de prolonger l’âme éprouveront toujours une joie très pure de se rapprocher de Dieu, auprès de qui ils trouveront un peu d’apaisement. C’est pour cela qu’en arrivant ici, lorsque nous apprîmes que nous pourrions assister à la messe tous les dimanches, nous avons ressenti une grande con-