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LA VILLE SANS FEMMES

Yessss, Sir !

Le sergent-major fait un bond. Mais le docteur de nuit, heureusement témoin de la scène, explique le quiproquo. Tels furent mes débuts comme directeur de l’hôpital.

Bien entendu, quand je dis « directeur de l’hôpital », j’exagère. Il faudrait dire : « gérant » ou « directeur-administrateur » ou « animateur » ou « metteur en scène » de l’hôpital. Dans le sens que mes fonctions consistent surtout à assurer le bon fonctionnement de l’hôpital, à coordonner les services d’assistance médicale assurés par les médecins et à faire rigoureusement appliquer tout ce que les médecins prescrivent et ordonnent. J’écris ces lignes presque deux ans après le jour où, ayant changé de camp, j’ai quitté mes fonctions, et je voudrais pouvoir livrer ici les noms de tous les médecins internés pour les indiquer comme de beaux exemples de l’esprit professionnel, de l’amour de leur art et de désintéressement. À n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, quand j’ai dû les réveiller pour les envoyer auprès d’un malade en détresse, d’un blessé à soigner, je les ai vus accourir empressés, dévoués, pleins d’entrain et de dévouement.

Dix de ces médecins étaient des Canadiens d’origine italienne, établis au Canada depuis de longues années, mariés et ayant des enfants nés au Canada. Cinq de Montréal, deux de Toronto, un d’Ottawa, un d’un autre endroit de l’Ontario, le dixième, enfin, d’une ville en bordure de la frontière américaine. Le onzième était un Canadien français d’une ville faisant partie de l’agglomération montréalaise. Après deux ans de séjour parmi nous,