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INFIRMIER

Bien entendu, nous n’en avons pas tous les jours. Il en vient, toutefois, assez fréquemment. Ainsi, nous avons eu, pour peu de temps, un peintre, quelques industriels, des leaders de baraques, entre autres un Canadien qui, pendant l’autre guerre, était officier dans un camp d’internement et un ancien détective de Montréal qui a opéré des arrestations sensationnelles avant d’être arrêté à son tour. Le leader de la baraque numéro cinq, célèbre et fort riche entrepreneur en travaux publics de Toronto, a aussi passé quelques jours à l’hôpital. Homme de grand cœur, il a comblé les malades de mille gâteries pendant son séjour ici.

Enfin, notre service de secours immédiat aux accidentés n’a pas, non plus, été inactif.

Tout cela, sûrement, fait beaucoup de travail. Mais il faut dire que « mon » hôpital, pour petit et modeste qu’il soit, dispose d’un personnel nombreux. Le soin des malades pendant la journée est confié à un brave vieux de Hamilton sachant fort bien partager son temps entre ses devoirs d’infirmier et son penchant pour l’art oratoire qui le pousse à parler souvent et d’abondance même lorsqu’il opère, à la perfection, des massages simples. L’ostéopathie et les massages compliqués sont la spécialité d’un camarade que nous appelons Marius et qui, contrairement à ce que l’on suppose de tout Marius qui se respecte, ne vient pas de Marseille mais est originaire de la riante petite ville de Saint-Boniface, près de Winnipeg.

Pour maintenir l’ordre (il en faut) et faire la police à l’extérieur comme à l’intérieur de l’hôpital, j’ai un surveillant, sévère et attentif, montréalais enraciné, brave