Page:Dumanoir - Belphégor, vaudeville fantastique, 1851.djvu/11

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BRANCADOR, sans regarder.

Qu’est-ce que c’est ?… ne me parlez pas.

FIAMETTA.

Monseigneur… c’est que Pépito…

BRANCADOR, toujours sans regarder.

Ah ! c’est toi, Pépito… Bonjour, mon garçon, bonjour.

FIAMETTA, à part.

Il me prend pour Pépito !… (Haut.) Mais…

BRANCADOR.

Je suis préoccupé… Arrose, mon garçon, arrose.

FIAMETTA.

Mais, monseigneur, je ne suis pas Pépito…

BRANCADOR.

Au fait… malgré ma préoccupation… je me disais : mon petit jardinier qui est devenu une femme… c’est improbable… il aura beau avoir grandi, il ne peut pas être changé à ce point-là… Mais qui es-tu donc ?

FIAMETTA.

Je suis Fiametta, pour vous servir, monseigneur.

BRANCADOR.

Et, depuis quand es-tu à mon service, Fiametta ?… (À lui même.) J’aime ce nom… je le prononce agréablement… (Haut.) Réponds, Fiametta.

FIAMETTA.

Depuis que j’ai épousé Pépito… votre jardinier… il y a de cela huit jours.

BRANCADOR.

Tiens ! tiens ! Pépito est marié !… par quel hasard ?

FIAMETTA.

Dame ! monseigneur, vous lui aviez envoyé une somme pour acheter quelque chose qui lui ferait plaisir…

BRANCADOR.

À l’occasion de mon hyménée… oui, Fiametta.

FIAMETTA.

Eh bien !… il s’est payé une femme…

BRANCADOR.

Il me semble qu’il était encore bien jeune… pour se permettre ce nœud.

FIAMETTA, le regardant.

Oh ! on se marie à tout âge, monseigneur…

BRANCADOR.

C’est juste… et il y a même avantage à se marier jeune, parce qu’on a la chance de recommencer plusieurs fois.

FIAMETTA.

Par exemple !

BRANCADOR, avec chaleur.

Et le mariage ! le mariage !… Où trouver ailleurs le calme, la béatitude ? où trouver ailleurs le voluptueux abrutissement, l’adorable crétinisme dans lequel il nous plonge ?