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ASCANIO.

— Magnifique ! mon fils, magnifique !

— Mais, en définitive, c’est la propriété du roi François 1er, cet hôtel deNesle ?

— Sans doute ; mais qu’est-ce que tu veux qu’il en fasse, de sa propriété, le roi François 1er ?

— Qu’il la donne aux autres, puisque le prévôt ne l’habite pas.

— Eh bien ! fais-la-lui demander pour toi, alors.

— Pourquoi pas ? Aimez-vous le jeu de paume, vous ?

— J’en raffole.

— Je vous invite alors à venir faire une partie avec moi dimanche prochain.

— Où cela ?

— Dans l’hôtel de Nesle.

— Tope ! monseigneur le grand-maître des châteaux royaux. Ah çà ! il est bon que tu saches mon nom au moins ; je m’appelle…

Mais comme l’étranger savait ce qu’il voulait savoir, et que le reste l’inquiétait probablement fort peu, il n’entendit pas un mot de l’histoire de son ami, qui lui raconta pourtant en détail comme quoi il s’appelait Jacques Aubry, était écrivain en l’Université, et pour le moment il revenait du Pré-aux-Clercs, où il avait eu un rendez-vous avec la femme de son tailleur ; comme quoi celle-ci, retenue sans doute par son indigne époux, n’était pas venue ; comme quoi il s’était consolé de l’absence de Simonne en buvant du vin de Suresne, et comme quoi enfin il allait retirer sa pratique à l’indélicat marchand d’habits, qui lui faisait faire le pied de grue et le contraignait de s’enivrer, ce qui était contre toutes ses habitudes.

Quand les deux jeunes gens furent arrivés à la rue de la