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ASCANIO.

— Prenez garde, mon maître, dit Pompeo, car peut-être la prison est-elle au bout de ce refus.

— Monsieur Pompeo, vous êtes un âne, répondit Benvenuto Cellini.

Pompeo sortit furieux.

Le lendemain, deux camerieri du saint-père vinrent trouver Benvenuto Cellini.

— Le pape nous mande vers toi, dit l’un d’eux, afin que tu nous remettes le calice ou que nous le conduisions en prison.

— Messeigneurs, répondit Benvenuto, un homme comme moi ne méritait pas moins que des archers comme vous. Menez-moi en prison, me voilà. Mais, je vous en préviens, cela n’avancera point d’un coup de burin le calice du pape.

Et Benvenuto s’en alla avec eux chez le gouverneur, qui, ayant sans doute reçu ses instructions d’avance, l’invita à se mettre à table avec lui. Pendant tout le dîner le gouverneur engagea Benvenuto par toutes les raisons possibles à contenter le pape en lui portant son travail, lui affirmant au reste que s’il faisait cette soumission. Clément VII, tout violent et entêté qu’il était, s’apaiserait de cette seule soumission : mais Benvenuto répondit qu’il avait déjà montré six fois au saint-père son calice commencé, et que c’était tout ce que l’exigence pontificale pouvait demander de lui ; que d’ailleurs il connaissait Sa Sainteté, qu’il n’y avait pas à s’y fier, et qu’elle pourrait bien profiter de ce qu’elle le tenait à sa disposition pour lui reprendre son calice et le donner à finir à quelque imbécile qui le gâterait. En revanche il déclara de nouveau qu’il était prêt à rendre au pape les cinq cents écus qu’il lui avait avancés.

Cela dit, Benvenuto ne répondit plus à toutes les instan-