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Page:Dumas, Ascanio, t2, 1860.djvu/335

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ASCANIO.

temps où nous étions ennemis, madame d’Etampes et moi ; je n’aurais donc pas été fâche d’apprendre quelque bon petit secret qui pût la perdre aux yeux de votre Majesté. Alors je me suis mis en quête et j’ai appris.

— Tu as appris ?…

Benvenuto jeta un regard rapide sur la duchesse, et vit qu’elle souriait. Cette force de résistance qui était dans son caractère lui plut, et au lieu de finir brutalement la lutte d’un coup, il résolut de la prolonger comme fait un athlète sûr de la victoire, mais qui, ayant rencontré un adversaire digne de lui, vont faire briller toute sa force et toute son adresse.

— Tu as appris ?… répéta le roi.

— J’ai appris qu’elle l’avait tout bonnement acheté du juif Manassès. Oui, sire, sachez cela pour votre gouverne : il paraît que depuis son entrée en France votre cousin l’empereur a tant jeté d’argent sur sa route, qu’il en est à mettre ses diamans en gage, et que madame d’Etampes recueille avec une magnificence royale ce que la pauvreté impériale ne peut conserver.

— Ah ! foi de gentilhomme ! c’est fort plaisant, s’écria François Ier, doublement flatté dans sa vanité d’amant et dans sa jalousie de roi. Mais, belle dame, j’y songe, ajouta-t-il en s’adressant à la duchesse, vous avez dû vous ruiner pour faire une telle emplette, et véritablement c’est à nous de réparer le désordre qu’elle a mis dans vos finances. Rappelez-nous que nous sommes votre débiteur de la valeur de ce diamant, car il est véritablement si beau, que je tiens à ce que ne vous venant pas de la main d’un empereur, il vous vienne au moins de celle d’un roi.

— Merci, Benvenuto, dit à demi-voix la duchesse, et je