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Page:Dumas, Ascanio, t2, 1860.djvu/336

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ASCANIO.

commence à croire, comme vous le prétendez, que nous étions faits pour nous entendre.

— Que dites-vous là ? dit le roi.

— Oh ! rien, sire, je m’excuse près de la duchesse de ce premier soupçon qu’elle veut bien me pardonner, ce qui est d’autant plus généreux de sa part, qu’à côté de ce premier soupçon, ce lis en avait fait naître un autre :

— Et lequel ? demanda François Ier, tandis que Diane, que sa haine avait empêchée d’être la dupe de cette comédie, dévorait du regard sa triomphante rivale.

La duchesse d’Etampes vit qu’elle n’en avait pas encore fini avec son infatigable ennemi, et un léger nuage de crainte passa sur son front ; mais, il faut le dire à sa louange, pour disparaître aussitôt. Il y a plus, elle profita de la préoccupation même que les paroles de Benvenuto Cellini avaient mise dans l’esprit de François Ier pour essayer de reprendre le lis, que le roi tenait toujours ; mais Benvenuto, sans affectation, passa entre elle et le roi.

— Lequel ? Oh ! celui-ci, je l’avoue, dit-il en souriant, celui-ci, il était si infâme, que je ne sais si je ne dois pas en être pour la honte de l’avoir eu, et si ce ne serait pas encore ajouter à mon crime que d’avoir l’impudeur de l’avouer. Il me faudra donc, je le déclare, un ordre exprès de Votre Majesté pour que j’ose…

— Osez Cellini, je vous l’ordonne, dit le roi.

— Eh bien ! j’avoue d’abord avec mon naïf orgueil d’artiste, reprit Cellini, que j’avais été surpris de voir madame d’Etampes charger l’apprenti d’un travail que le maître aurait été heureux et fier d’exécuter pour elle. Vous rappelez-vous mon apprenti Ascanio, sire ? C’est un jeune et