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Page:Dumas, Ascanio, t2, 1860.djvu/339

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ASCANIO.

vement dont elle ne serait pas maîtresse, Votre Majesté le briserait.

Madame d’Etampes devint affreusement pâle, car elle se crut perdue ; elle saisit vivement la main de Benvenuto, ses lèvres s’ouvrirent pour parler, mais par un retour sur elle-même sans doute, sa main lâcha presque aussitôt celle de l’artiste, et ses lèvres se refermèrent.

— Dites ce que vous avez à dire, fit-elle les dents serrées, dites…… Puis elle ajouta d’une voix si basse que Benvenuto put seul l’entendre : Si vous l’osez.

— Oui, dites, et prenez garde à vos paroles, mon maître, dit le roi.

— Et vous, madame, prenez garde à votre silence, dit Benvenuto.

— Nous attendons ! s’écria Diane, ne pouvant plus contenir son impatience.

— Eh bien ! figurez-vous, sire ; imaginez-vous, madame, qu’Ascanio et madame la duchesse d’Etampes correspondaient.

La duchesse cherchait sur elle, puis autour d’elle, s’il n’y avait pas quelque arme dont elle pût poignarder l’orfèvre.

— Correspondaient ? reprit le roi.

— Oui, correspondaient ; et ce qu’il y avait de plus merveilleux, c’est que dans cette correspondance entre madame la duchesse d’Etampes et le pauvre apprenti ciseleur, il était question d’amour.

— Les preuves, maître ! vous avez des preuves, j’espère ! s’écria le roi furieux.

— Oh ! mon Dieu oui, sire, j’en ai, reprit Benvenuto. Votre Majesté comprend bien que je ne me serais pas