Page:Dumas.- Grand dictionnaire de cuisine, 1873.djvu/320

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
253
Boulanger, Boulangerie

avaient bâti un temple dont on voyait encore dans ces derniers siècles des ruines avec un pavé en marqueterie dans un petit village nommé Artas, près de Grenoble, département de l’Isère.

Il y eut en France des boulangers dès le commencement de la monarchie. Une ordonnance du bon roi Dagobert, celui-là même que la chanson a illustré, datée de Tannée 670, nous apprend que les meuniers ou mouleurs de grains réunissaient à leur état de moudre le grain celui de cuire le pain pour les particuliers qui voudraient acheter leur farine chez eux ; on les nomma par la suite panetiers, talmeliers et boulangers,

A leur imitation, les fourniers s’emparèrent de cette industrie, se firent marchands dé farine et vendirent du pain. Charlemagne, au siècle suivant, s’occupa de la police d’une profession qui devenait tous les jours plus importante, et il ordonna dans ses capitulaires que le nombre de ces artisans si utiles pour chaque ville, fût toujours complet et que, pour cela, « ils aient à former des apprentis qui puissent remplacer au besoin les maîtres dans les cas de grande nécessité ; » de plus, qu’ils tinssent avec ordre et propreté le lieu de leur travail, que leur conduite soit irréprochable, et il chargea spécialement des juges et autres officiers de bien faire observer ce dernier et important statut.

Saint Louis fit plus encore, et, pour mieux reconnaître les véritables services que cette institution rendait à tout le monde, en même temps que pour les dégager de toutes charges et rendre leur stabilité plus grande, il exempta tout boulanger du service militaire, et cette grâce était d’autant plus importante que, dans ces temps de guerre, tous les sujets, à moins d’un privilège particulier, étaient obligés de se rendre à l’armée quand le seigneur l’ordonnait.

Il y eut bientôt dans Paris quatre sortes de boulangers, ceux des villes, ceux des faubourgs et banlieue, les privilégiés et forains.

La maîtrise s’achetait du roi, mais, pour être reçu maître boulanger, il se pratiquait une cérémonie bien singulière ; cérémonie dont il est fait mention dans les statuts que leur donna saint Louis.