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Scène II

I. Don Juan, puis Hussein.

DON JUAN.

Au revoir… Ah ! Ah ! Ah ! Parlez-moi de ces blanches colombes, dont aucun souffle humain n’a terni le plumage. Voilà qui est confiant et crédule ! Une femme du monde m’aurait pris huit jours ; il est vrai que celles-là sont si souvent trompées !

Hussein ! Hussein !

Va m’attendre dans la petite ruelle qui longe cette église, derrière les murs du couvent ; prends mes meilleurs chevaux et munis-toi d’une échelle de cordes. Lorsque tu entendras frapper trois fois dans les mains, tu jetteras l’échelle par-dessus le mur.

HUSSEIN.

Cela sera fait, maître.

DON JUAN.

Va !


Scène IV

. Don Juan, puis la statue d’Inès, puis les ombres de Don Mortès, de Carolina, de Vittoria, de Don Luis-de-Sandoval, puis l’ange du Jugement et l’ombre du Comte de Marana.

DON JUAN.

Maintenant, Doña-Inès, pardon de n’avoir pas suivi ponctuellement vos instructions ; mais pourquoi votre sœur est-elle si belle, que je n’ai pu lui parler que d’amour ?… D’ailleurs, vous avez contracté certain engagement avec moi, et vous êtes morte sans l’acquitter… Marthe ne fera que payer une dette de famille… Vous m’avez aidé en bonne chrétienne, je ne l’oublierai pas, et maintenant je vous dois, non-seulement des prières, mais encore des remerciements, et, si je savais laquelle parmi toutes ces tombes est la vôtre…

LA STATUE, agenouillée sur le tombeau d’Inès.

Celle-ci.

DON JUAN, reculant d’un pas.

Qu’est-ce à dire ?… Je crois que la statue a parlé ! Est-ce une erreur ou bien ai-je réellement entendu ? Écoute, femme ou statue, ange ou démon, voix du ciel ou de l’enfer, parle une seconde fois, et je jure Dieu que j’irai lever ton voile de marbre, afin de savoir de quelle bouche sont sorties tes paroles.

LA STATUE D’INÈS.

Viens.

DON JUAN.

Me voilà.

LA STATUE D’INÈS.

Regarde !

DOM MORTÈS, après que le dernier soupir de l’orgue s’est éteint.

Je suis Don Mortès, révérend prieur des dominicains. Sans pitié, sans religion pour mon ministère, Don Juan a levé le poignard sur moi et m’a frappé… Vengeance contre le meurtrier ! Vengeance !…

CAROLINA.

Je suis doña-Carolina de Valence. Comme j’allais au rendez-vous que Don Juan m’avait donné, j’ai rencontré une rivale sur mon chemin ; elle m’a poignardée en me disant : « Carolina, c’est Don Juan qui te tue !… » Vengeance contre le meurtrier ! Vengeance !

VITTORIA.

Je suis doña Vittoria de Séville. Don Juan me quitta pour une autre femme ; j’attendis sa nouvelle maîtresse et je la frappai. L’inquisition me condamna au bûcher. Mon crime et ma mort sont à Don Juan… Vengeance contre le meurtrier ! Vengeance !

TERESINA.

Je suis doña Teresina, fiancée de Don Josès. Don Juan m’enleva évanouie ; lorsque je revins à moi, j’étais déshonorée ; je n’ai pu survivre à ma honte, je me suis précipitée dans le Mançanarès… Vengeance contre le meurtrier ! Vengeance !

SANDOVAL.

Je suis Don Luis-de-Sandoval d’Ojedo. J’ai joué contr