Adieu, sire…
Jeune, brave, aimé de ton roi, tu iras loin, Saint-Mégrin, je te le promets.
Merci, sire, merci…
Adieu…
Adieu, sire, adieu.
Scène VIII.
Je suis seul, enfin ! — (Appelant.) Georges… ah ! te voilà… Mon costume… bien… aide-moi… aide-moi…
Vous allez sortir… Voulez-vous que je fasse venir une chaise à porteurs ?
Non…
Le temps est à l’orage…
Oui. — (Allant à la fenêtre avec un rire convulsif.) Il n’y aura bientôt plus une étoile au ciel…
Et vous allez sortir à pied ?
Oui, à pied…
Sans armes…
J’ai mon épée et mon poignard, cela suffit… Cependant donne-moi l’épée de Schomberg ; elle est plus forte.
La voilà… Voulez-vous que je vous accompagne ?…
Non. Il faut que je sorte seul.
À minuit passé… que dirait votre mère ?
Ma mère… oui, oui, tu as raison… L’orage s’étend… Ma pauvre mère, je voudrais bien la revoir… ne fût-ce qu’un instant. Écoute : tu lui donneras cette chaîne, — (Coupant une boucle de cheveux avec son poignard.) ces cheveux, demain, si tu ne me revois pas, entends-tu.
Et pourquoi, monseigneur, pourquoi ?…
Tu ne sais pas, tu ne peux pas savoir… je ne puis pas te dire… Donne-moi mon manteau…
Mon maître… mon jeune maître… ne sortez pas, au nom du ciel… la nuit sera terrible.
Oui, terrible, peut-être… N’importe, il le faut, elle m’attend, j’ai tardé beaucoup… Oh ! s’il allait être trop tard…
Au nom du ciel, laissez-moi vous suivre.
Reste, je te l’ordonne.
Mon maître !
Non, embrasse-moi… adieu… adieu… n’oublie
pas ma mère !