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UN COIN DU VOILE.

lement sa main tremblait si fort qu’une partie de la liqueur, au moins égale à celle que contenaient les verres, tomba sur le plateau.

« — Goûtez cela, dit-il, c’est d’excellent rhum que j’ai rapporté moi-même de la Guadeloupe, où votre M. Olivier d’Hornoy prétend que je n’ai jamais été.

« — Je vous rends grâce, je n’en bois jamais.

« Il prit un de ces deux verres.

« — Comment ! lui dis-je, vous allez boire cela ?

« — Sans doute.

« — Mais si vous continuez cette vie-là, vous brûlerez jusqu’au gilet de flanelle qui vous couvre la poitrine.

« — Est-ce que vous croyez qu’on peut se tuer en buvant beaucoup de rhum ?

« — Non, mais on peut se donner une gastro-entérite dont on meurt un beau jour après cinq ou six ans d’atroces douleurs.

« Il reposa le verre sur le plateau, puis laissant reposer sa tête sur sa poitrine et ses mains sur ses genoux :

« — Ainsi, docteur, murmura-t-il avec un