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GABRIEL LAMBERT.

« — Où cela te mènera-t-il, garçon ?

« Tous deux n’en acceptèrent pas moins l’offre du maire, et Gabriel quitta définitivement la charrue pour la plume.

« Nous étions restés bons amis, Gabriel paraissait même avoir de l’amour pour moi ; quant à moi, je l’aimais de tout mon cœur.

« Tous les soirs, comme c’est l’habitude dans les villages, nous allions nous promener ensemble tantôt sur les bords de la mer, tantôt sur les rives de la Touque.

« Personne ne s’en tourmentait ; nous étions pauvres tous deux, nous nous convenions donc parfaitement.

« Seulement Gabriel semblait avoir un ver rongeur dans l’âme : ce ver rongeur c’était le désir de venir à Paris ; il était convaincu que s’il venait à Paris il y ferait fortune.

« Paris était donc pour nous le fond de toute conversation. Paris était la ville magique qui devait nous ouvrir à tous deux la porte de la richesse et du bonheur.

« Je me laissais aller à la fièvre qui l’agitait, et je répétais de mon côté :

« — Oh oui ! Paris, Paris !

« Dans nos rêves d’avenir, nous avions tou-