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GABRIEL LAMBERT.

« — Comme un veau qu’on mène à l’abattoir, à ce qu’on m’a dit du moins ; vous verrez : il est si abattu qu’on a jugé inutile de lui mettre la camisole de force.

« Je poussai un soupir. V*** ne s’était pas trompé dans ses prévisions, et en face de la mort le courage ne lui était pas revenu.

« Je fis de la tête un signe de remercîment au directeur qui se remit à la partie de piquet que mon arrivée avait interrompue, et je suivis le guichetier.

« Nous traversâmes une petite cour. Nous entrâmes sous un corridor sombre ; nous descendîmes quelques marches.

« Nous trouvâmes un second corridor dans lequel veillaient des geôliers qui, de minute en minute, allaient attacher leur visage à des ouvertures grillées.

« Ces cellules étaient celles des condamnés à mort, dont on surveille ainsi les derniers moments, de peur que le suicide ne les enlève à l’échafaud.

« Le guichetier ouvrit une de ces portes, et comme, par un dernier sentiment d’effroi, je demeurais immobile :

« — Entrez, dit-il, c’est ici. Eh ! eh !