Page:Dumas - Gabriel Lambert, Meline, 1844.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
LE FORÇAT.

C’était un homme de vingt-huit à trente ans à peine ; au contraire de ses voisins, sur la rude physionomie desquels il était facile de lire les passions qui les avaient conduits où ils étaient, lui avait un de ces visages effacés, dont, à une certaine distance, on ne distingue aucun trait.

Sa barbe, qu’il avait laissée pousser dans tout son développement, mais qui était rare et d’une couleur fausse, ne parvenait pas même à donner à sa physionomie un caractère quelconque.

Ses yeux, d’un gris pâle, erraient vaguement d’un objet à l’autre sans s’animer d’aucune expression ; ses membres étaient grêles et semblaient n’avoir été destinés par la nature à aucun travail fatigant ; le corps auquel ils s’attachaient ne paraissait capable d’aucune énergie physique.

Enfin, des sept péchés capitaux qui recrutent sur la terre au nom de l’ennemi du genre humain, celui sous la bannière duquel il s’était enrôlé devait être évidemment la paresse.

J’eusse donc détourné bien vite mes regards de cet homme qui, j’en étais certain, ne pouvait m’offrir pour étude qu’un criminel