Page:Dumas - Gabriel Lambert, Meline, 1844.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
20
GABRIEL LAMBERT.

n’est point en rêve qu’on a entendu ce nom, et qu’il semble qu’en s’acharnant davantage à sa poursuite, l’esprit va se perdre lui-même dans l’obscurité et toucher aux limites de la folie.

Il en fut ainsi de moi pendant toute la soirée et pendant une partie de la nuit.

Seulement, chose plus étrange encore, ce n’était pas un nom, c’est-à-dire une chose sans consistance, un son sans corps, qui me fuyait : c’était un homme que j’avais eu cinq ou six heures sous les yeux, que j’avais pu interroger du regard, que j’aurais pu toucher de la main.

Cette fois, au moins, je n’avais pas de doute ; ce n’était ni un rêve que j’avais fait, ni un fantôme qui m’était apparu.

J’étais sûr de la réalité.

J’attendis le matin avec impatience.

Dès sept heures j’étais à ma fenêtre pour voir venir la barque.

Je l’aperçus qui sortait du port, pareille à un point noir, puis à mesure qu’elle s’avançait sa forme devint plus distincte.

Elle prit d’abord l’aspect d’un grand poisson qui nagerait à la surface de la mer ; bientôt