Page:Dumas - Georges, 1848.djvu/228

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par lesquelles ils doivent passer une centaine de barriques d’arrach, et j’irais me coucher, ma clef à ma porte.

Georges se mordit les lèvres jusqu’au sang.

— Ainsi donc, pour la troisième fois, je te le répète, frère ; viens avec moi, c’est ce que tu as de mieux à faire.

— Et moi, pour la troisième fois, frère, je te réponds : Impossible.

— Alors tout est dit ; embrasse-moi, Georges.

— Adieu, Jacques.

— Adieu, frère ; mais, crois-moi, ne te fie pas aux nègres.

— Ainsi, tu pars ?

— Pardieu ! oui. Oh ! je ne suis pas fier, moi, et je sais fuir : dans l’occasion, en pleine mer, tant que le Leycester voudra ; qu’il vienne m’offrir une partie de quilles, et il verra si je boude ; mais dans le port, sous le feu du fort Blanc et de la redoute Labourdonnaie, merci ! Ainsi, une dernière fois, tu refuses ?

— Je refuse.

— Adieu !

— Adieu !

Les jeunes gens s’embrassèrent une dernière fois ; Jacques entra chez son père, qui, ignorant tout ce qui était arrivé, dormait tranquillement.

Quant à Georges, il passa dans la chambre où l’attendait Laïza.

— Eh bien ? demanda le nègre.

— Eh bien ! dit Georges, dis aux révoltés qu’ils ont un chef.

Le nègre croisa ses mains sur sa poitrine, et, sans demander autre chose, s’inclina profondément et sortit.