Page:Dumas - Georges, 1848.djvu/255

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un peu plus bas que la Comédie. Georges y fut déposé dans la chambre indiquée par le gouverneur.

C’était une chambre visiblement préparée d’avance, ainsi que l’avait dit lord Williams, et il était même évident qu’on avait eu l’intention de la rendre aussi confortable que possible. L’ameublement en était propre et le lit presque élégant ; rien dans cette chambre ne sentait la prison. Seulement les fenêtres en étaient grillées.

Dès que la porte fut refermée sur Georges et que le prisonnier se trouva seul, il alla droit à cette fenêtre : elle était élevée de vingt pieds à peu près et donnait sur l’hôtel Coignet. Comme de son côté une des fenêtres de l’hôtel Coignet se trouvait juste en face de la chambre de Georges, le prisonnier pouvait voir jusqu’au fond de l’appartement situé en face, et cela avec d’autant plus de facilité que cette fenêtre était ouverte.

Georges revint de la fenêtre à la porte, écouta et entendit que l’on posait une sentinelle dans le corridor.

Alors il retourna à la fenêtre et l’ouvrit.

Aucune sentinelle n’était placée dans la rue : on s’en rapportait aux barreaux de la garde du prisonnier. — En effet, les barreaux étaient de taille à rassurer la plus inquiète surveillance.

Il n’y avait donc pas espérance de fuir sans un secours étranger.

Mais ce secours étranger, Georges l’attendait sans doute ; car, laissant sa fenêtre ouverte, il demeura les yeux constamment fixés sur l’hôtel Coignet, qui, comme nous l’avons dit, s’élève en face de la Police. En effet, son espérance ne fut pas trompée : au bout d’une heure il vit Miko-Miko, son bambou sur l’épaule, traverser la chambre en face de la sienne, conduit par un domestique de l’hôtel. Le jeune homme et lui n’échangèrent qu’un regard, mais ce regard, si rapide qu’il fût, ramena la sérénité sur le front de Georges.

À partir de ce moment, Georges parut à peu près aussi tranquille que s’il eût été dans son appartement à Moka ; cependant, de temps en temps, un observateur attentif eût remarqué qu’il fronçait le sourcil et passait sa main sur son front. C’est que sous cette apparence sereine un monde d’idées grossis-