Page:Dumas - Georges, 1848.djvu/279

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avait indiqué comment, après avoir défendu l’ouverture extérieure de ce défilé, on pouvait par un retranchement défendre l’ouverture intérieure, puis en outre miner encore la caverne avec la poudre qu’on avait eu le soin d’emporter de Moka. Le plan de cet ouvrage fut aussitôt tracé et entrepris, car Georges ne se dissimulait pas que, selon toute probabilité, on ne le traiterait point en fugitif ordinaire, et il avait assez d’orgueil pour croire que les blancs ne se regarderaient pas comme vainqueurs tant qu’ils ne le tiendraient pas pieds et poings liés en leur pouvoir.

On se mit donc aussitôt à l’œuvre de défense, que présida passivement Georges et activement Pierre Munier.

Pendant ce temps, Laïza faisait le tour de la montagne ; partout, comme nous l’avons dit, elle était défendue soit par des palissades naturelles, soit par des roches escarpées ; en un seul endroit ces rochers étaient abordables avec des échelles d’une quinzaine de pieds ; encore le chemin qui conduisait au pied de cette muraille naturelle bordait-il un précipice ; ce chemin eût été facile à défendre, mais la troupe était trop peu nombreuse et avait besoin d’être répandue sur trop de points à la fois pour que l’on fît des dispositions militaires en dehors de ce que l’on pouvait appeler la forteresse.

Laïza reconnut donc que c’était ce point et l’entrée par la caverne qui devaient surtout être gardés avec le plus de soin.

La nuit s’approchait, Laïza laissa dix hommes à ce poste important, et revint rendre compte à Georges de sa course autour de la montagne.

Il trouva Georges dans une espèce de cabane qu’on lui avait bâtie à la hâte avec des branches d’arbres ; le retranchement était déjà presque creusé, et malgré l’obscurité qui s’avançait rapidement, on continuait d’y travailler avec activité.

Vingt-cinq hommes furent répartis en sentinelles autour de l’enceinte, on devait les relever de deux heures en deux heures ; Pierre Munier resta à son poste de la caverne, et Laïza, après avoir posé un nouvel appareil sur la blessure de Georges, retourna au sien.

Puis chacun attendit les événements nouveaux qu’allait sans doute amener la nuit.