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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 1.djvu/293

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— L’agresseur, à ce que je crois du moins, est celui qui a eu tort, sire, dit le dauphin avec sa modération accoutumée.

— C’est chose délicate, dit Louis XV ; l’agresseur celui qui a eu tort… celui qui a eu tort… Et si cependant l’officier a été insolent ?

— Insolent ! s’écria M. de Choiseul, insolent contre un homme qui voulait emmener de force les chevaux destinés à la dauphine ! Est-ce possible, sire ?

Le dauphin ne dit rien, mais pâlit.

Louis XV vit ces deux attitudes hostiles.

— Vif, je veux dire, ajouta-t-il en se reprenant.

— Et d’ailleurs, reprit M. de Choiseul, profitant de ce pas de retraite pour faire un pas en avant, Votre Majesté sait bien qu’un serviteur zélé ne peut avoir tort.

— Ah çà ! mais comment ayez-vous appris cet événement, monsieur ? demanda le roi au dauphin, sans perdre de vue monsieur de Choiseul, que cette brusque interpellation gêna si fort que, malgré l’effort qu’il tenta sur lui-même pour le cacher, on put s’apercevoir de son embarras.

— Par une lettre, sire, dit le dauphin.

— Une lettre de qui ?

— De quelqu’un qui s’intéresse à madame la dauphine, et qui trouve probablement étrange qu’on l’offense.

— Allons, s’écria le roi, encore des correspondances secrètes, des complots. Voilà que l’on recommence à s’entendre pour me tourmenter, comme du temps de madame de Pompadour.

— Mais non pas, sire, reprit M. de Choiseul ; il y a une chose bien simple, un délit de lèse-majesté au second chef. Une bonne punition sera appliquée au coupable, et tout sera fini.

À ce mot de punition, Louis XV vit se dresser la comtesse furibonde et Chon hérissée ; il vit s’envoler la paix du ménage, ce qu’il avait cherché toute sa vie sans le trouver jamais, et entrer la guerre intestine aux doigts crochus et aux yeux rouges et bouffis de pleurs.

— Une punition ! s’écria-t-il, sans que j’aie entendu les parties, sans que je puisse apprécier de quel côté est le bon droit !