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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/226

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il coûte fort cher. Et même, faites mieux, prenez du papier blanc, rayez-le et essayez sur celui-là.

— Oui, monsieur, je ferai comme vous me recommandez de faire ; mais permettez-moi de vous le dire, ce n’est point là un état pour toute ma vie ; car pour écrire de la musique que je ne comprends pas, mieux vaut me faire écrivain public.

— Jeune homme, jeune homme, vous parlez sans réfléchir, prenez garde.

— Moi ?

— Oui, vous. Est-ce la nuit que l’écrivain public exerce son métier et gagne sa vie ?

— Non, certes.

— Eh bien ! écoutez ce que je vais vous dire : un homme habile peut, en deux ou trois heures de nuit, copier cinq de ces pages et même six, lorsqu’à force d’exercice il a acquis une note grasse et facile, un trait pur et une habitude de lecture qui lui économise les rapports de l’œil au modèle. Six pages valent trois francs ; un homme vit avec cela ; vous ne direz pas le contraire, vous qui ne demandez que six sous. Donc, avec deux heures de travail de nuit, un homme peut suivre les cours de l’école de chirurgie, de l’école de médecine et de l’école de botanique.

— Ah ! s’écria Gilbert, ah ! je vous comprends, monsieur, et je vous remercie du plus profond de mon cœur.

Et il se jeta sur la feuille de papier blanc que lui présentait le vieillard.