contraire ; on m’a amené près d’elle presque de force ; elle m’a interrogé en ordonnant.
— Mais qu’était-ce donc que cette vérité si terrible que vous lui avez dite, monsieur ? demanda la princesse.
— Cette vérité, Madame, répondit le comte, c’est le voile de l’avenir que j’ai déchiré.
— De l’avenir ?
— Oui, Madame, de cet avenir qui a paru si menaçant à Votre Altesse Royale, qu’elle a essayé de le fuir dans un cloître, de le combattre au pied des autels par ses prières et par ses larmes.
— Monsieur !
— Est-ce ma faute, Madame, si cet avenir, que vous avez pressenti comme sainte, m’a éte révélé à moi comme prophète, et si madame la dauphine, épouvantée de cet avenir qui la menace personnellement, s’est évanouie lorsqu’il lui a été révélé ?
— Vous l’entendez ? dit le cardinal.
— Hélas ! dit la princesse.
— Car son règne est condamné, s’écria le comte, comme le règne le plus fatal et le plus malheureux de toute la monarchie.
— Monsieur ! s’écria la princesse.
— Quant à vous, Madame, continua le comte, peut-être vos prières ont-elles obtenu grâce, mais vous ne verrez rien de tout cela, car vous serez dans les bras du Seigneur quand ces choses arriveront. Priez ! Madame, priez !
La princesse, dominée par cette voix prophétique qui répondait si bien aux terreurs de son âme, tomba à genoux aux pieds du crucifix et se mit effectivement à prier avec ferveur.
Alors le comte se tournant vers le cardinal, et le précédant dans l’embrasure d’une fenêtre :
— À nous deux, monsieur le cardinal ; que me vouliez-vous ?
Le cardinal alla rejoindre le comte.
Les personnages étaient disposés ainsi :