Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/31

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plus clair du cabinet, tout en l’éloignant prudemment des papiers de son bureau, car il la savait curieuse.

— Maintenant, madame, dit galamment maître Flageot, voulez-vous bien me permettre de me réjouir d’une si agréable surprise ?

Madame de Béarn, adossée au fond de son fauteuil, levait en ce moment les pieds pour laisser entre la terre et ses souliers de satin broché l’intervalle nécessaire au passage d’un coussin de cuir que Marguerite posait devant elle. Elle se redressa rapidement.

— Comment ! surprise ? dit-elle en pinçant son nez avec ses lunettes qu’elle venait de tirer de leur étui afin de mieux voir M. Flageot.

— Sans doute, je vous croyais dans vos terres, madame, répondit l’avocat, usant d’une aimable flatterie pour qualifier les trois arpents de potager de madame de Béarn.

— Comme vous voyez, j’y étais ; mais à votre premier signal je les ai quittées.

— À mon premier signal ? fit l’avocat étonné.

— À votre premier mot, à votre premier avis, à votre premier conseil, enfin, comme il vous plaira.

Les yeux de M. Flageot devinrent grands comme les lunettes de la comtesse.

— J’espère que j’ai fait diligence, continua celle-ci, et que vous devez être content de moi.

— Enchanté, madame, comme toujours ; mais permettez-moi de vous dire que je ne vois en aucune façon ce que j’ai à faire là-dedans.

— Comment ! dit la comtesse, ce que vous avez à faire ?… Tout, ou plutôt, c’est vous qui avez tout fait.

— Moi ?

— Certainement, vous… Eh bien ! nous avons donc du nouveau ici ?

— Oh ! oui, madame, on dit que le roi médite un coup d’État à l’endroit du parlement. Mais pourrais-je vous offrir de prendre quelque chose ?

— Il s’agit bien du roi, il s’agit bien de coup d’État !