— Non, sire, c’est M. de Sartines.
— Eh bien ! fit le roi, voyant que madame du Barry gagnait la porte.
— Eh bien ! sire, répondit la comtesse, je vous laisse avec lui, et je passe à ma toilette.
— Et madame de Béarn ?
— Quand elle arrivera, sire, j’aurai l’honneur de faire prévenir Votre Majesté, dit la comtesse en froissant le billet dans le fond de la poche de son peignoir.
— Vous m’abandonnez donc, comtesse ? dit le roi avec un soupir mélancolique.
— Sire, c’est aujourd’hui dimanche ; les signatures, les signatures !…
Et elle vint tendre au roi ses joues fraîches, sur chacune desquelles il appliqua un gros baiser, après quoi elle sortit de l’appartement.
— Au diable les signatures, dit le roi, et ceux qui viennent les chercher ! Qui donc a inventé les ministres, les portefeuilles et le papier Tellière ?
Le roi avait à peine achevé cette malédiction, que le ministre et le portefeuille entraient par la porte opposée à celle qui avait donné sortie à la comtesse.
Le roi poussa un second soupir plus mélancolique encore que le premier.
— Ah ! vous voilà, Sartines, dit-il ; comme vous êtes exact !
La chose était dite avec un tel accent, qu’il était impossible de savoir si c’était un éloge ou un reproche.
M. de Sartines ouvrit le portefeuille et s’apprêta à en tirer le travail.
On entendit alors crier les roues d’une voiture sur le sable de l’avenue.
— Attendez, Sartines, dit le roi.
Et il courut à la croisée.
— Quoi ! dit-il, c’est la comtesse qui sort ?
— Elle-même, sire, dit le ministre.
— Mais elle n’attend donc pas madame la comtesse de Béarn ?