Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/114

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— C’est pourtant à vous qu’il doit tout cela…

— Votre Majesté me récompense bien au delà de mes mérites en m’attribuant une part, si légère qu’elle soit, dans les avantages précieux que M. le dauphin a tirés de l’étude.

— La vérité, duc, est que je crois que M. le dauphin sera réellement un bon roi, un bon administrateur, un bon père de famille. À propos, monsieur le duc, répéta le roi en appuyant sur ces mots, sera-t-il un bon père de famille ?

— Eh ! mais, sire, répondit naïvement M. de la Vauguyon, je présume que, toutes les vertus étant en germe dans le cœur de M. le dauphin, celle-là y doit être renfermée comme les autres.

— Vous ne me comprenez pas, duc, dit Louis XV. Je vous demande s’il sera un bon père de famille.

— Sire, je l’avoue, je ne comprends pas Votre Majesté. Dans quel sens me fait-elle cette question ?

— Mais dans le sens, dans le sens… vous n’êtes pas sans avoir lu la Bible, monsieur le duc ?

— Certainement, sire, que je l’ai lue.

— Eh bien, vous connaissez les patriarches, n’est-ce pas ?

— Sans doute.

— Sera-t-il un bon patriarche ?

M. de la Vauguyon regarda le roi, comme s’il lui eut parlé hébreu ; et, tournant son chapeau entre ses mains :

— Sire, répondit-il, un grand roi est tout ce qu’il veut.

— Pardon, monsieur le duc, insista le roi, je vois que nous ne nous entendons pas très bien.

— Sire, je fais cependant de mon mieux.

— Enfin, dit le roi, je vais parler plus clairement. Voyons, vous connaissez le dauphin comme votre enfant, n’est-ce pas ?

— Oh ! certes, sire.

— Ses goûts ?

— Oui.

— Ses passions ?

— Oh ! quant à ses passions, sire, c’est autre chose ; monseigneur