Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ingrédients pour cet élixir sont préparés, le conduit est fait ; il ne manque plus que les trois dernières gouttes de sang que je t’ai dit.

Balsamo fit un mouvement de répugnance.

— C’est bien, dit Althotas, renonçons à l’enfant, puisque tu aimes mieux t’enfermer avec ta maîtresse que de me le chercher.

— Vous savez bien, maître, que Lorenza n’est point ma maîtresse, répondit Balsamo.

— Ah ! ah ! ah ! fit Althotas, tu dis cela, tu crois m’en imposer à moi comme à la multitude ; tu veux me faire croire à la créature immaculée et tu es homme !

— Je vous jure, maître, que Lorenza est chaste comme la sainte Mère de Dieu ; je vous jure qu’amours, désirs, voluptés terrestres, j’ai tout sacrifié à mon œuvre ; car, moi aussi, j’ai mon œuvre régénératrice ; seulement, au lieu de s’appliquer à moi seul, elle s’appliquera au monde entier.

— Fou, pauvre fou ! s’écria Althotas ; je crois qu’il va encore me parler de ces cataclysmes de cirons, de ses révolutions de fourmis, quand je lui parle de la vie éternelle, de l’éternelle jeunesse.

— Qui ne peut s’acquérir qu’au prix d’un crime épouvantable, et encore…

— Tu doutes, je crois que tu doutes, malheureux !

— Non, maître ; mais enfin, puisque vous renoncez à votre enfant, dites, voyons, que vous faut-il ?

— Il me faut la première créature vierge qui te tombera sous la main : homme ou femme, peu importe ; cependant une femme vaudrait mieux. J’ai découvert cela à cause de l’affinité des sexes ; trouve-moi donc cela, et hâte-toi, car je n’ai plus que huit jours.

— C’est bien, maître, dit Balsamo ; je verrai, je chercherai.

Un nouvel éclair, plus terrible que le premier, passa dans les yeux du vieillard.

— Tu verras, tu chercheras ! s’écria-t-il ; oh ! c’est donc là ta réponse. Je m’y attendais, d’ailleurs, et je ne sais pas comment