Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/48

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Lorenza regarda tous ces instruments étranges, dernières combinaisons de l’alchimie expirante, sans étonnement : elle semblait connaître la destination de chacun d’eux.

— Tu cherches à faire de l’or ? dit-elle en souriant.

— Oui.

— Tous ces creusets renferment des préparations à différents degrés ?

— Toutes arrêtées, toutes perdues ; mais je ne le regrette pas.

— Et tu as raison ; car ton or à toi ne sera jamais que du mercure coloré ; tu le rendras solide peut-être, mais tu ne le transformeras pas.

— Cependant on peut faire de l’or ?

— Non.

— Et pourtant Daniel de Transylvanie a vendu, vingt mille ducats, à Cosme Ier, la recette pour la commutation des métaux.

— Daniel de Transylvanie a trompé Cosme Ier.

— Cependant le Saxon Payken, condamné à mort par Charles II, a racheté sa vie en changeant un lingot de plomb en un lingot d’or, dont on tira quarante ducats, tout en distrayant de ce lingot de quoi faire une médaille qui fut frappée à la plus grande gloire de l’habile alchimiste.

— L’habile alchimiste était un habile escamoteur. Il substitua le lingot d’or au lingot de plomb, voilà tout. Ta plus sûre manière de faire de l’or, Acharat, c’est de fondre en lingots, comme tu le fais, les richesses que tes esclaves t’apportent des quatre parties du monde.

Balsamo demeura pensif.

— Ainsi, dit-il, la transmutation des métaux est impossible ?

— Impossible.

— Mais, par exemple, hasarda Balsamo, le diamant ?

— Oh ! le diamant, c’est autre chose, dit Lorenza.

— On peut donc faire du diamant ?

— Oui, car faire du diamant n’est pas opérer la transmutation d’un corps dans un autre ; faire du diamant c’est tenter la simple modification d’un élément connu.