Page:Dumas - La Dernière Année de Marie Dorval, 1855.djvu/86

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— Reste là, et prie Dieu pour qu’il donne le repos aux morts et la force aux vivants.

Je jetai un regard sur la tombe.

Celle-là aussi était fouillée jusqu’au cercueil, et notre pauvre petit attendait l’arrivée de sa grand-mère au milieu de ses rosiers renversés.

Je m’acheminai donc tout seul vers la tombe de Marie.

Là, je trouvai le préposé aux exhumations, une espèce de commissaire des morts, qui assiste à ces sombres cérémonies pour constater l’identité des cadavres enlevés.

Les deux fossoyeurs se tenaient dans la fosse, les jambes écartées sur la bière, les bras croisés en attendant.

Sur le bord était un petit cercueil tout ouvert, qui paraissait un cercueil d’enfant.

Je demeurai tout bouleversé, immobile, sentant mes cheveux frémir et la sueur de l’agonie me perler au front.

Mes yeux ne pouvaient se détacher de cette boîte terreuse qui renfermait le bonheur éteint de toute une famille.