Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/103

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ardent de voir Paris ; désir nourri depuis près d’un an, et tout prêt à s’accomplir. Depuis, vous m’avez dit ce qui vous avait empêché de partir. Vous m’avez dit comment, en me voyant pour la première fois, vous avez été pris de ce sentiment irrésistible dont j’ai été prise moi-même en vous écoutant, et maintenant il vous reste à me dire ceci : que vous m’aimez toujours autant.

Hoffmann fit un mouvement.

— Ne vous donnez pas la peine de me le dire, je le sais, continua Antonia, mais il y a quelque chose de plus puissant que cet amour, c’est le désir d’aller en France, de rejoindre Zacharias, de voir Paris enfin.

— Antonia ! s’écria Hoffmann, tout est vrai dans ce que vous venez de dire, hors un point : c’est qu’il y avait quelque chose au monde de plus fort que mon amour ! Non, je vous le jure, Antonia, ce désir-là, désir étrange auquel je ne comprends rien, je l’eusse enseveli dans mon cœur si vous ne l’en aviez tiré vous-même. Vous ne vous trompez donc pas. Antonia ! Oui, il y a une voix qui m’appelle à Paris, une voix plus forte que ma volonté, et cependant, je vous le répète, à laquelle je n’eusse pas obéi ; cette voix est celle de la destinée !

— Soit, accomplissons notre destinée, mon ami. Vous partirez demain. Combien voulez-vous de temps ?

— Un mois, Antonia ; dans un mois, je serai de retour.

— Un mois ne vous suffira pas, Théodore ; en un mois vous n’aurez rien vu ; je vous en donne deux ; je vous en donne trois ; je vous donne le temps que vous voudrez, enfin ; mais j’exige une chose, ou plutôt deux choses de vous.