Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/104

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— Lesquelles, chère Antonia, lesquelles ? dites vite.

— Demain, c’est dimanche ; demain, c’est jour de messe ; regardez par votre fenêtre comme vous avez regardé le jour du départ de Zacharias Werner, et, comme ce jour-là, mon ami, seulement plus triste, vous me verrez monter les degrés de l’église ; alors venez me rejoindre à ma place accoutumée, alors asseyez-vous près de moi, et, au moment où le prêtre consacrera le sang de Notre-Seigneur, vous me ferez deux sermens, celui de me demeurer fidèle, celui de ne plus jouer.

— Oh ! tout ce que vous voudrez, à l’instant même, chère Antonia ! je vous jure…

— Silence, Théodore, vous jurerez demain.

— Antonia, Antonia, vous êtes un ange !

— Au moment de nous séparer, Théodore, n’avez-vous pas quelque chose à dire à mon père ?

— Oui, vous avez raison. Mais, en vérité, je vous avoue, Antonia, que j’hésite, que je tremble. Mon Dieu ! que suis-je donc pour oser espérer ?…

— Vous êtes l’homme que j’aime, Théodore. Allez trouver mon père, allez.

Et, faisant à Hoffmann un signe de la main, elle ouvrit la porte d’une petite chambre transformée par elle en oratoire.

Hoffmann la suivit des yeux jusqu’à ce que la porte fût refermée, et, à travers la porte, il lui envoya, avec tous les baisers de sa bouche, tous les élans de son cœur.

Puis il entra dans le cabinet de maître Gottlieb.

Maître Gottlieb était si bien habitué au pas d’Hoffmann, qu’il ne souleva même pas les yeux de dessus le pupitre où